Rupture de ponts thermiques dans la menuiserie aluminium : l’union fait la force

Design, résistante… la menuiserie aluminium bénéficie depuis plusieurs années d’un attrait particulier chez les architectes et constructeurs. De fait, nombreuses sont les constructions neuves ou rénovées présentant des fenêtres en aluminium. Pourtant, si le matériau offre des avantages indiscutables, ses limites sont notables tant thermiquement qu’acoustiquement. A tel point que l’introduction d’un profilé thermoplastique (appelé Rupture de Pont Thermique) en son sein s’avère indispensable. Rencontre avec trois adhérents du SNEP ; Fabrice Le Letty, Président du SNEP et Directeur Général adjoint du Groupe Maine, Philippe Gressier, Président de la commission Communication et Directeur Commercial chez Benvic, et Sylvain Gaudard, Membre de la commission Communication et Responsable Communication chez AlphaPro Groupe.

Maine Plastiques fait figure de pionnier quant à l’emploi du PVC dans les Ruptures de ponts thermiques (RPT). Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce développement?

Fabrice Le Letty : Tout d’abord ce n’est pas seulement l’histoire de notre Groupe, mais une aventure commune avec notre partenaire historique. Dans les années 90, Maine Plastiques extrudait et créait des profilés uniquement pour alimenter ses ateliers de fabrication de portails, clôtures et fermetures en PVC. Dans le cadre de notre développement, nous avons proposé notre expérience de l’extrusion à d’autres concepteurs-assembleurs de produits finis, susceptibles d’utiliser des profilés thermoplastiques. Nous nous sommes ouverts à différentes applications telles que les coffrets électriques, les plinthes en PVC, les profilés en polyéthylène pour l’emballage etc. Dans ce contexte, nous avons rencontré un industriel de la fenêtre aluminium dont le process se distinguait à l’époque : en laquant préalablement les profilés aluminium avant l’opération de sertissage, il rendait possible la bicoloration des menuiseries et l’emploi du PVC. Nous avons apporté notre savoir-faire d’extrudeur pour mettre au point ensemble les profilés adaptés à ses attentes. C’est ainsi que la barrette de rupture de pont thermique en PVC est née !

Quelles sont les technologies actuelles de RPT ?

Sylvain Gaudard : Il en existe actuellement deux sur le marché. La barrette polyamide et le PVC. Si la première est plutôt sur une offre « catalogue », il n’en va pas de même pour la seconde, qui prend tout son sens quand elle est réalisée à façon. Les menuisiers ont donc le choix de concevoir leurs systèmes à partir d’une offre catalogue existante, ou de créer, au cas par cas, en co-développement avec les ingénieurs d’AlphaPro Industrie, des profilés de RPT qui répondent parfaitement à leurs besoins et à leurs process.

Philippe Gressier : Il faut bien comprendre que l’introduction de profilés thermo-plastiques est nécessaire dans la menuiserie aluminium. Ce sont eux les garants de la bonne isolation thermique et acoustique. Ils vont constituer une sorte de séparation physique entre les parties de la menuiserie aluminium à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. Historiquement, le thermoplastique le plus utilisé en Allemagne est le polyamide renforcé avec des fibres de verre. Ce matériau, très rigide offre une très haute résistance à la température élevée. Mais, outre son coût lui aussi plus élevé, il était difficilement recyclable à cause de la présence de fibres de verre dans sa composition. Le PVC représente donc une bonne alternative en termes de tenue thermique et de résistance mécanique.

Quelle est vraiment la valeur ajoutée du PVC, au regard du polyamide ?

Sylvain Gaudard : Le PVC offre la possibilité de faire de la co-extrusion, de rajouter des joints pour optimiser l’étanchéité, ainsi que la résistance acoustique. Il permet en outre d’ajouter un certain nombre de services (des zones de vissage par exemple) qu’on ne peut pas ou difficilement demander au polyamide. Enfin, le PVC prend exactement toutes les formes souhaitées, y compris des formes complexes ou tubulaires.

Philippe Gressier : N’oublions pas non plus que le PVC est 100% recyclable. Aujourd’hui, les chutes de fabrication des producteurs et des transformateurs de PVC sont recyclées et réintégrées à plus de 95 % dans le produit d’origine. Portails, clôtures, goulottes, bardages, gouttières, volets, profilés de fenêtre : tous réincorporent de la matière première recyclée, permettant une empreinte carbone moindre ainsi qu’une réduction d’énergie non négligeable.

Fabrice Le Letty : J’ajoute, à propos de la recyclabilité du PVC, que la matière peut être employée dans les profilés dont elle est issue, sous réserve de respecter les référentiels « produit » (marque de qualité, normes, …), ou dans d’autres applications.

Quels axes travaillez-vous pour optimiser toujours plus les performances du PVC ?

Philippe Gressier : L’extrusion PVC pour les activités aluminium est en constante évolution depuis 5 ans. De fait, Benvic a enregistré une progression dans la demande de ce type de formules de 20%. En collaboration étroite avec nos clients, nous travaillons en ce moment sur deux axes : l’amélioration de la résistance thermique du PVC, à partir d’alliages ou de nouvelles formules, mais aussi l’ajout de nouveaux ingrédients dans la formule, comme la fibre de carbone, destinés à assurer une meilleure stabilité dimensionnelle.

Peut-on imaginer une nouvelle alternative au PVC, en matière de RPT ?

Fabrice Le Letty : Il existe en effet des alliages à base de PVC ayant pour but d’apporter une meilleure stabilité aux températures élevées rencontrées dans certaines configurations (châssis de couleur sombre, coulissant …). Sur ce point l’ABS offre un bon comportement : il se place entre le polyamide et le PVC. Une nouvelle réponse, que nous proposons, aux problématiques de montée en température dans la menuiserie aluminium qui démontre bien la complémentarité – et non la rivalité ! – des matériaux au service du confort thermique du bâtiment.

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