Le biosourcé : nouvelle voie de valorisation du PVC

#Quoi de neuf ? Publié le 30 décembre 2019 par L'Echo de la Baie

Fortement engagée sur le cycle de vie des produits PVC, la propreté et le développement durable, la société Actiplast est le seul compounder français indépendant. Avec 15 000 tonnes de granulés PVC produites chaque année et un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros, Actiplast joue un rôle important auprès de ses clients industriels qui extrudent ou injectent la matière première. Dans ce contexte, Actiplast fait figure de leader dans la création de granulés PVC biosourcés, c’est-à-dire conçus grâce à des composants non issus du pétrole. Une démarche distincte du recyclage, mais qui poursuit le même objectif : répondre à l’urgence environnementale en créant des produits PVC les moins carbonés. Rencontre avec Thierry Jaffrain, Directeur Commercial d’Actiplast et adhérent du SNEP.

Qu’est-ce que le biosourcé et en quoi représente t-il un enjeu en matière environnementale et dans le domaine de la menuiserie PVC ?

Pour désigner les matières plastiques, des abréviations sont utilisées comme PVC pour Polychlorure de Vinyle, PP pour le Polypropylène et PET pour le Polyéthylène Téréphtalate. Chaque matière plastique a une composition différente. Ainsi, par exemple, le PVC contient 43% d’éthylène et 57% de sel. Le sel étant par définition un ingrédient naturel, c’est précisément sur les 43% restants que nous souhaitons aujourd’hui agir. Or, il se trouve que très récemment, les industriels viennent de mettre au point une résine PVC biosourcée, c’est-à-dire non issue du pétrole. La résine constituant l’essentiel de nos formulations (environ 80%), il s’agit d’une véritable bonne nouvelle. Associée à d’autres composants comme des stabilisants, des matières anti-choc… d’autres produits pourront être conçus. Nous sommes d’ailleurs en phase d’en réaliser de nouveaux, dont le principal ingrédient sera conçu d’une manière innovante et totalement en phase avec nos exigences de développement durable. En ce sens, le biosourcé représente un enjeu majeur pour la filière PVC, qui pourra afficher une posture d’autant plus éco-responsable que le matériau, comme vous le savez, se recycle déjà presque à 100%.

Justement, pouvez-vous préciser ce que recouvre « biosourcé » et « recyclage » ?

Alors même que le recyclage s’attache à intégrer des déchets PVC pour réaliser de nouveaux produits, le biosourcé s’entend comme un produit neuf, réalisé à base d’un composant – la résine PVC – qui n’est pas issu du pétrole. Deux démarches distinctes qui poursuivent cependant le même objectif : la protection de l’environnement et la valorisation de la filière PVC.
Il y a également un autre élément très important qui entre dans la formulation du PVC : la charge. Composée de carbonate de calcium, c’est-à-dire de craie, son origine est minérale et permet au produit fini de prendre un peu de masse.
Chez Actiplast, nous avons trouvé des solutions pour remplacer cette charge minérale par une charge végétale, en remplaçant la craie par du lin ou du bois. Ces matériaux pourront ainsi servir à concevoir, par exemple, des produits dédiés à l’aménagement extérieur chez le particulier, comme les terrasses, ou tout autre alternative au bois (photo). Ainsi, au lieu d’opposer les matières utilisées dans notre quotidien : plastique (PVC), aluminium, bois, fer ou autre, il nous faudra à l’avenir raisonner en se demandant, au cas par cas, quel procédé mettre en oeuvre pour notamment réduire au mieux l’empreinte carbone de la fabrication des produits. Le PVC avec sa filière recyclage et maintenant ses formulations à bases de végétaux et de matières biosourcées sera en bonne place. A noter cependant que le biosourcé n’a aucun sens, par exemple, s’il faut dépenser beaucoup d’électricité pour le fabriquer, ou si les produits sont créés à l’autre bout du monde et que nous devons les faire venir en France.

Quels sont les freins actuels auxquels se heurte le PVC biosourcé ?

Aujourd’hui, les fabricants de résine PVC et de plastifiants ne sont pas encore en mesure de fabriquer ces produits en grandes quantités. Non seulement parce qu’ils ne possèdent pas encore les chaînes de production idoines, mais aussi parce que le biosourcé, comme toute innovation – coûte encore cher. Une mesure gouvernementale incitative permettrait de générer une demande forte, et de rendre l’innovation économiquement attractive.

Les industriels du secteur sont-ils confiants quant à l’avenir du biosourcé ?

Nous y viendrons forcément un jour car le biosourcé s’intègre parfaitement dans notre démarche environnementale. Tout comme nous avons pu exclure le plomb des PVC en deux ou trois ans, et les phtalates en à peine cinq ans, nous intégrerons le biosourcé dans les composants principaux de nos produits. Mais il nous faut rester vigilants. En effet, le biosourcé n’a d’intérêt que si les fabricants de résines et de plastifiants ne remplacent pas le pétrole par des produits issus des terres cultivables, par exemple. Ainsi, créer des plastiques biosourcés à partir de l’amidon de maïs n’a aucun sens. Certains industriels l’ont parfaitement compris et proposent, comme Biovyn, une résine PVC Bio, ou la société suédoise Perstorp, avec le plastifiant Pevalen. Un premier pas vers une démarche toujours plus éco-responsable, offrant une solution intéressante et complémentaire au recyclage, aujourd’hui parfaitement mis en œuvre et encouragé par le SNEP.


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