Interview de Cyrille Mounier, Directeur Général du GFA

#Quoi de neuf ? Publié le 28 juin 2021 par L'Echo de la Baie

Bien que moins touchée que les autres matériaux, la filière de l’aluminium subit également des tensions sur les prix et sur l’approvisionnement en matière première. Cyrille Mounier, directeur général du Groupement des fileurs d’aluminium (GFA), fait le point. Et clarifie, en passant, les définitions d’aluminium recyclé et bas carbone.

Cyrille Mounier, le prix de la billette d’aluminium a augmenté de plus de 20% au premier trimestre. Faut-il s’inquiéter ?

Cyrille Mounier : D’abord, une précision technique. Le prix prend en compte deux éléments : d’une part, le cours du métal au LME (London metal exchange), et, d’autre part, une prime, qui prend en compte un certain nombre d’éléments comme le transport, l’alliage, etc. La fluctuation des deux n’est pas toujours corrélée mais c’est le cas en ce moment et, pour les deux, la tendance est à la hausse.
Ensuite, le niveau de prix actuel, autour de 2300 $ (début avril 2021), n’est pas alarmant en soi. Sur 10 ou 20 ans, un cours autour de 2000 $ est dans la norme. A 1800 $, qui était le niveau atteint en janvier 2020, une unité de production d’aluminium primaire gagne tout juste sa vie. Et on est encore loin des 3000 $ atteints lors de la crise de 2018.
Pour autant, ce prix va continuer à augmenter, particulièrement en mai-juin, car on risque de rencontrer un phénomène de pénurie sur les billettes.

Si le signal d’une pénurie se confirme, que peut-on en dire ?

C. M. : L’aluminium n’est pas dans la situation de l’acier ou du PVC. D’une manière générale, les usines répondent à la demande. Mais depuis un an, la situation réduit considérablement la visibilité. Ce dont on est certain, c’est que la Chine a repris plus vite que prévu, réorientant les flux de métal vers ses activités. Et la relance dans certains pays développés a été très forte.
Le filage français, par exemple, a fourni à ses clients de la façade rideau quelques 7000 tonnes en 2020, contre 6000 en 2019 – même si nous regrettons fortement que nos clients s’approvisionnent beaucoup dans le sud de l’Europe. Ce qui est, soit dit en passant, assez contradictoire avec les réglementations visant la réduction de l’empreinte carbone.

Les producteurs qui recyclent leurs chutes et/ou des menuiseries aluminium en fin de vie sont-ils plus à l’abri que les autres des tensions sur l’approvisionnement ?

C. M. : Cela vaut en effet pour les gammistes qui extrudent et recyclent en interne. Quant à ceux qui achètent des billettes en partie issues de leurs chutes recyclées, ils bénéficient d’un tarif de conversion de leurs chutes de métal.

Va-t-on vers un cours différencié de l’aluminium recyclé et/ou bas carbone ?

C. M. : Avant tout, il faut bien distinguer aluminium recyclé et aluminium bas carbone. Recyclage n’est pas synonyme de faible empreinte carbone : celle-ci dépend de la provenance du déchet ou de la chute recyclés. S’ils sont issus de fenêtres ou façades en fin de vie ou de chutes à forte empreinte carbone, par exemple 18 kg, qui est la moyenne mondiale, le profilé final pourra afficher 90% d’aluminium recyclé, il n’en aura pas moins un mauvais bilan carbone.
La filière n’est pour l’instant pas unanime sur la question. Et donc, a fortiori, il n’y a pas de cote spécifique, ni pour l’un ni pour l’autre. Issue d’aluminium recyclé ou pas, la billette est du même alliage, et c’est, pour l’instant, ce qui est pris en compte. Par ailleurs, même si de grands producteurs d’aluminium plaident pour un cours différencié de l’aluminium primaire bas carbone, on n’y est pas encore…
Avant cela, l’enjeu numéro 1 consiste à améliorer le tri et la traçabilité. Rappelons que la France importe 500 000 tonnes de métal par an. Soit le même volume de déchets métal qu’elle exporte, notamment parce qu’elle les trie et les traite mal.

Lire le dossier spécial Façades


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