Comment SFS a réduit ses émissions de CO2 de 89% en trois ans

#Quoi de neuf ? Publié le 11 septembre 2024 par L'Echo de la Baie

Le récent rapport de l’International Energy Agency (IEA) qui indique une hausse des émissions de CO2 en 2023 met en lumière l’importance fondamentale d’équilibrer efficacement demande et offre d’énergie, pour minimiser les impacts du changement climatique.

En réponse, SFS France, filiale du groupe Suisse du même nom et acteur majeur dans la fabrication de vis en France, a pris des mesures exemplaires pour réduire ses émissions de carbone, alignées sur ses objectifs environnementaux au niveau mondial.

« Le président du groupe, qui a signé les accords de Paris, a pour objectif de réduire de 90% les émissions de CO2 de SFS au niveau mondial (scope 1 et 2) d’ici 2030. »
Alain Mangeard, directeur général de SFS France

Mais comment atteindre cet objectif ambitieux ?

Efficacité énergétique, achat d’énergie verte et sobriété sont autant de pistes que SFS France a explorées avec succès.

La baisse de CO2 chez SFS : un enjeu écologique et financier

Dans un contexte où la France vise la neutralité carbone d’ici 2050, la réduction des émissions de CO2 du secteur industriel est cruciale, car ce secteur représente 20% des émissions nationales de gaz à effet de serre.

L’urgence de réduire les émissions de CO2 fait aussi écho à l’augmentation des prix de l’énergie, qui pénalise les entreprises industrielles.

« Nous produisons sur notre site de Valence dans la Drôme environ 1,5 milliard de vis destinées au marché de la fenêtre et de l’enveloppe du bâtiment. En 2023, les prix de l’énergie ont explosé : notre facture énergétique a été multipliée par 4 et nos coûts de production ont augmenté de 50%. »

A cela s’ajoute la pression croissante des marchés financiers, qui favorisent les entreprises vertueuses à travers des mécanismes de financement ciblés. En parallèle, ces démarches écologiques améliorent l’image de marque des entreprises, ajoutant une dimension réputationnelle aux bénéfices économiques et environnementaux.

Récupérer la chaleur générée par le process pour des usages internes

Pour fabriquer ses vis, SFS effectue une opération de traitement thermique qui consiste à chauffer les vis jusqu’à 900°C pour ensuite les refroidir brutalement dans une huile maintenue à 60°C. Dès 2019, SFS s’est posé la question de l’efficacité énergétique de ce procédé, et a collaboré avec la société Hervé Thermique pour valoriser les calories générées par ce process.

SFS récupère désormais la « chaleur fatale » ou « chaleur perdue » émise par le système de refroidissement du bain d’huile pour chauffer l’eau chaude sanitaire et une partie de ses bâtiments.

flammes four vis

Cette initiative a permis non seulement de réduire les émissions de CO2 mais aussi de réaliser des économies significatives sur les coûts énergétiques : SFS économise 30% de sa consommation de gaz. Le retour sur l’investissement initial (1 million d’euros), qui était prévu en 10 ans, a pu être amorti en seulement 3 ans du fait de l’augmentation des prix de l’énergie.

Fort de ce succès, SFS a mis en place deux autres projets exemplaires de récupération de chaleur :

  • Le remplacement des résistances électriques pour sécher le tapis du four de trempe par un système de captation d’air chaud depuis la cheminée de l’entrée du four. Cela a permis une économie de 86 000 kWh/an, l’équivalent de la consommation annuelle moyenne de 10 foyers !
  • La récupération d’énergie sur les compresseurs d’air pour chauffer des bureaux.

Financer le développement des énergies renouvelables

En 2021, SFS France a également innové en signant un accord avec Engie et l’usine de dépollution des eaux usées Siloé pour l’utilisation de biogaz issu des égouts de la ville d’Annecy. Le biogaz est produit par la méthanisation des boues d’épuration, une méthode qui transforme les déchets organiques en gaz, sans émission supplémentaire de CO2.

Ce gaz, rendu utilisable par filtration, est considéré comme du biogaz car il génère 85% de CO2 en moins comparé au gaz naturel en provenance de pays traditionnellement exportateurs comme la Russie ou la Norvège. Jusqu’en 2017, ce gaz était rejeté dans l’atmosphère ou brulé dans une torchère. L’accord de SFS France avec Engie permet lui permet désormais d’injecter l’équivalent de sa consommation de gaz sous forme de biogaz dans le réseau GRDF.

En complément, depuis 2022, SFS France a choisi d’acheter l’équivalent de 100% de sa consommation d’électricité en énergie verte, garantie par des certificats d’origine.

« Nous estimons que désormais, les émissions de CO2 nécessaires pour produire des vis sur notre site de Valence sont 20 fois moins importantes que celles émises par un fabricant asiatique. »

Impliquer les fournisseurs

SFS décide d’aller plus loin en impliquant ses fournisseurs dans son ambition écologique. La fabrication de vis nécessite du fil métallique, en acier ou en inox. Et c’est avec ses fournisseurs de fil que SFS travaille pour réduire son empreinte carbone.

Il y a quelques années, les équipes techniques de SFS ont ainsi travaillé étroitement avec le fournisseur de fil Sebir afin de mettre au point un fil sans phosphate pour la déformation à froid : le TSF©

A l’avenir, SFS souhaite travailler avec du fil bas carbone et encore moderniser ses équipements de production.

« Certains de nos fournisseurs sont très volontaires et cela nous permet déjà d’avoir un fil dont le tréfilage génère 30 % de CO2 de moins qu’un tréfilage classique. Nous recherchons également des traitements de surface moins générateurs de CO2 que nos procédés actuels ».

La sobriété au quotidien

La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas. C’est pourquoi SFS a fait de la sobriété énergétique son cheval de bataille au quotidien.

Contrairement au levier d’efficacité, qui développe des stratégies pour améliorer la productivité d’une énergie déjà existante, la sobriété aborde le problème à sa source en réduisant les besoins d’énergie. Cette approche, bien que moins impressionnante, est essentielle pour diminuer la consommation d’énergie et les coûts de fonctionnement.

Ainsi, SFS a amélioré l’isolation de ses bâtiments de Valence et a installé des éclairages LED. Dans la même optique de sobriété, l’entreprise a diminué la pression du réseau d’air comprimé ainsi que les consignes de chauffage des bureaux et ateliers. Le pilotage des process industriels a aussi été optimisé pour réduire les consommations d’énergie pendant les périodes de week-end et de redémarrage.

Par ailleurs, SFS incite son personnel à employer les transports en commun, le covoiturage et les modes actifs comme le vélo.

« Notre usine se trouve près d’un HUB principal des bus de Valence qui fonctionnent au biogaz ou à l’électricité. Nous incitons nos collaborateurs à les utiliser pour venir travailler. »

Et ce n’est que le début

Les efforts que SFS déploie pour réduire ses émissions de carbone illustrent son engagement envers des pratiques durables. Ses initiatives couvrent un large éventail de stratégies : efficacité énergétique, achat d’énergie verte, implication des fournisseurs et du personnel, sobriété…

Mais les défis à venir pour SFS incluront la nécessité d’adapter et de renforcer ses actions face aux réglementations environnementales de plus en plus strictes.

« Nous n’avons pas attendu d’être pied au mur pour commencer à agir sur l’empreinte carbone de l’entreprise ! »

SFS réfléchit également à l’installation de panneaux photovoltaïques, au déploiement de voitures hybrides et électriques, ainsi que l’investissement dans des machines moins énergivores.

Le parcours et les résultats de SFS montrent qu’une transition énergétique réussie dans l’industrie lourde est non seulement possible mais aussi bénéfique pour l’environnement et pour l’entreprise elle-même.

N°160

Septembre 2024


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