Sylvie Owen, une seule façon de manager : par les compétences

#Quoi de neuf ? Publié le 27 décembre 2019 par L'Echo de la Baie

“Un jour, j’ai osé demander à un proche collaborateur qui me paraissait avoir une vue très traditionnelle du monde du travail, comment il vivait le fait d’avoir un patron « femme ». Il a réfléchit et m’a dit : j’ai eu du mal au début, c’est différent, mais je m’y suis fait. J’ai pris cela comme un compliment ! » raconte Sylvie Owen, Présidente de cinq entreprises, dont trois dans le domaine de la menuiserie. Rencontre avec cette entrepreneuse née, pour qui le clivage hommes-femmes ne se pose jamais.

L’Echo de la Baie : Pouvez-vous nous retracer votre parcours ?

Sylvie Owen : Comme toutes les jeunes filles « bonnes élèves » dans les années 70, j’ai passé un Bac scientifique, pour intégrer les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles. A ma sortie de l’École Centrale de Paris, j’ai souhaité – ce que l’on peut considérer comme une « fantaisie » à l’époque – effectuer un MBA à Stanford University, en Californie. A mon retour, mon père, dirigeant « autodidacte » d’une grosse PME évoluant dans le domaine des produits d’isolation, me demande de le rejoindre, ce que je fais, avec enthousiasme. Peu de temps après, il prend sa retraite et me laisse, à trente ans, seule au gouvernail.

Rencontrez-vous alors des difficultés dans vos nouvelles fonctions de dirigeante ?

Sylvie Owen : J’en rencontre comme n’importe quelle personne pourrait en rencontrer, eu égard à sa jeunesse et à son manque d’expérience. Mais j’apprends à diriger avec bienveillance, écoute, pragmatisme, tout en faisant des choix. Puis, les marchés s’internationalisent… je décide de vendre l’affaire familiale pour me consacrer pleinement à ma famille. Une bonne décision sur le plan stratégique mais sans doute une erreur sur le plan personnel. En effet, je ressens très vite un manque et commence à m’ennuyer…

Quelle décision prenez-vous pour retrouver le moral ?

Sylvie Owen : Un de mes amis a créé une holding industrielle, AMIQUAR. Je décide de le rejoindre en tant qu’investisseur et opérateur. Ensemble, nous rachetons des PME industrielles et les gérons. A ce jour, nous en avons acquis une quarantaine et je m’occupe de cinq de ces PME, dont trois positionnées sur le secteur de l’habitat et, en particulier, dans la menuiserie. Il y a d’abord ORIAL, qui recense 68 collaborateurs, et qui a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 18 millions d’euros. Nous concevons, fabriquons et réalisons des produits d’aménagement de l’habitat à base de profilés aluminium. Vient ensuite CTI, fonderie de 50 personnes qui travaille avec une technologie encore traditionnelle en fondant des pièces d’aluminium « à la louche ». Elle réalise un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros. Enfin, COPRODEX, qui emploie 42 personnes, et propose des profilés d’habillage et des panneaux de remplissage destinés aux professionnels de la menuiserie PVC. Cette dernière structure a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros.
On vous sent en effet passionnée par les affaires, le monde industriel. Un univers pourtant encore très masculin.

Vous êtes-vous heurtée à quelques incompréhensions durant votre carrière ?

Sylvie Owen : Comme toute femme, surtout de ma génération, bien sûr, ce fut le cas. Mais c’est pour moi une question qui n’en est pas une, puisque rien ne sert d’opposer les hommes aux femmes. Quel que soit leur niveau dans l’entreprise, seules les compétences comptent. Et, lorsque l’on est appelée à exercer des responsabilités, le charisme, ainsi que le courage viennent les compléter. Je suis peut-être une femme chef d’entreprise aux yeux des autres, mais je suis un chef d’entreprise dans ma tête professionnelle !

Quel(s) aspect(s) de votre mission actuelle vous passionne(nt) le plus ?

Sylvie Owen : Le fait d’animer les équipes dirigeantes de ces entreprises et d’en déterminer leur stratégie, est extrêmement créatif et source d’une immense satisfaction. Mais les mettre en œuvre, en travaillant avec les personnes qui participent à ces aventures est aussi extrêmement passionnant. Faire converger nos efforts vers l’atteinte d’un objectif commun est enfin très épanouissant. Et en particulier dans une PME, où nous devons réaliser des miracles parfois, avec des ressources très mesurées. On doit intégrer énormément d’informations en peu de temps et apprendre à décider, tout en sachant que, les conséquences pouvant s’avérer lourdes, le droit à l’erreur y est plus limité que partout ailleurs.

Aucun conseil à donner à une femme nouvellement nommée dirigeante, donc ?

Sylvie Owen : Un conseil d’« humain à humain » seulement : démontrer chaque jour que l’on est compétent et légitime dans le domaine qui est le nôtre et accompagner ses équipes pour gagner leur confiance et les faire se surpasser.

“Portrait chinois” de Sylvie Owen

Si vous étiez une ville ?
Chicago. C’est une ville qui a été totalement détruite. Les auteurs de sa reconstruction ne se sont pas lamentés sur ce qu’ils avaient perdu, mais se sont retroussé les manches pour la rebâtir. Et ils l’ont fait d’une manière architecturale remarquable.
Si vous étiez une qualité ?
La bienveillance. On en manque de plus en plus, et dans toutes les sphères de nos vies.
Si vous étiez une couleur ?
Le vert et toutes ses nuances… comme mes yeux !
Si vous étiez un animal ?
Le chat. J’aime son indépendance et m’emploie à préserver la mienne !


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