Rapprochement Bouvet / FPEE : interview exclusive

Patrick Bouvet et Cécile Sanz s'expriment

#Quoi de neuf ? Publié le 6 décembre 2018 par L'Echo de la Baie

Dès 2019, les deux groupes Bouvet et FPEE se rapprocheront pour constituer un nouvel ensemble industriel. Cette union hisse ce nouveau groupe sur les premières marches du podium de la menuiserie française.

Rencontre avec Patrick Bouvet, Président de Bouvet Menuiseries et Cécile Sanz, Présidente du groupe FPEE.

L’Echo de la Baie : Comment est née l’idée d’une union entre les deux groupes que vous représentez ?

Patrick Bouvet : L’idée est partie à Batimat l’année dernière, il y a tout juste un an… Suite aux échanges que j’avais eu avec Marc Ettienne (Fondateur du Groupe FPEE) à l’occasion du salon, l’idée d’unir nos forces pour avancer ensemble a fait rapidement son chemin. Plus on cheminait, plus ce rapprochement nous paraissait comme une évidence. L’union de nos deux groupes couvre 100% du marché de la fenêtre.

Cécile Sanz : Nous sommes presque jumeaux ! Nos entreprises sont de même taille, puisque nous réalisons un chiffre d’affaires respectivement de 162 M€ (Bouvet) et 155 M€ (FPEE), nous employons 1550 salariés, 800 pour l’entreprise Bouvet et 750 pour FPEE.
Une fois que nous avions bien identifié le projet, nous étions très motivés et nous avions hâte de pouvoir le mettre rapidement en œuvre !
La proximité géographique des deux entreprises a certainement aussi joué un rôle : entre Brûlon (72) et La Membrolle (49), nous sommes à 45 minutes les uns des autres !

Patrick Bouvet : Nous sommes nés ensemble dans les années 80 avec le démarrage du PVC. L’entreprise Bouvet existe depuis plus longtemps (1921) mais son activité était plutôt centrée auparavant sur la fermeture.

L’Echo de la Baie : Vous êtes tous deux de grands acteurs sur le marché et reconnus par l’ensemble de la profession. Vous semblez avoir le même ADN, ce qui porte à penser que vous avez aussi une synergie au niveau humain…

Cécile Sanz : Nous partageons la même vision du marché et nous parlons le même langage. Nous sommes des personnes de métiers qui comprennent parfaitement tous les enjeux du marché et nous évoluons dans des organisations assez simples et très intéressées par le produit, l’industrie et les clients. Nous partageons les mêmes centres d’intérêt. Même si nous n’avons pas tout à fait les mêmes clients et les mêmes compétences métiers, les valeurs du Travail et de l’Innovation font briller nos yeux et nous apportent de très belles perspectives d’évolution. Nous avons travaillé en petit comité sur ce projet, à 6, dans une omerta parfaite pendant un an et lorsque nous avons, juste après Equipbaie, livré le projet à nos salariés respectifs et à nos clients, nous étions dans l’attente des réactions et elles se sont avérées immédiatement très positives ! Nous avons eu un avis favorable à l’unanimité, ce qui, pour nous, est un signe très fort et très encourageant.

Patrick Bouvet : Derrière chaque phrase, les avis convergent. C’est un point crucial qui fait la valeur de nos échanges. Nous avons vite compris que nous pourrons travailler ensemble. J’ai réuni tous les salariés de l’entreprise pour leur expliquer notre projet, tous ont manifesté de l’enthousiasme, ce qui est extrêmement réconfortant, même si nous n’avions aucun doute.

L’Echo de la Baie : Vous étiez exposants à Equipbaie, pourquoi ne pas avoir profiter de cette occasion pour faire cette annonce majeure ?

Cécile Sanz : Nous souhaitions privilégier les échanges constructifs que nous avons avec nos clients lors des salons, notamment en termes de nouveautés produits et nous ne voulions pas mélanger les sujets.

Patrick Bouvet : Nous voulions effectivement conserver sur Equipbaie l’essence même d’un salon professionnel qui est d’avoir des échanges fructueux avec nos clients et nos prospects sur nos produits. L’annonce d’un rapprochement entre nos deux groupes aurait pu diluer d’une certaine manière les messages que nous avions à transmettre sur nos nouveautés.

L’Echo de la Baie : Quelles sont les synergies industrielles de ce nouveau groupe constitué ?

Cécile Sanz : Nous allons définir ensemble les différents sujets sur lesquels nous sommes particulièrement performants. Ce rapprochement est avant tout un échange de compétences. A titre d’exemples, l’entreprise Bouvet est performante en termes d’extrusion. Elle bénéficie également d’une forte expérience sur le plaxage, mais aussi sur l’organisation relative à l’univers des volets roulants… et bien d’autres choses encore. FPEE partagera par exemple son savoir-faire sur le laquage… Chaque groupe apporte à l’autre son expérience industrielle et son savoir-faire avec une grande complémentarité. Chacun bénéficiera des talents de l’autre. C’est un partage d’expériences qui pourra aboutir, ou pas, à une synergie industrielle. Nous aurons également une synergie au niveau des achats.

Patrick Bouvet : Plus nous avancions dans le projet de rapprochement de nos sociétés, plus cela nous paraissait évident. En dehors des synergies industrielles, il existe entre nos deux groupes une synergie de marché, et ce point a été déterminant. Nous évoluons sur des marchés très complémentaires avec des circuits de distribution très différents. L’activité de Bouvet est fortement orientée vers le neuf et la rénovation des grands ensembles, le diffus ne représente que 10% de notre CA. Alors que chez FPEE, les ventes via les réseaux de distribution, Art & Fenêtres et OuvertureS, et les entreprises de menuiserie, représentent 80% du chiffre d’affaires du groupe. C’est précisément cette complémentarité qui a constitué la base de notre réflexion.

Cécile Sanz : Commercialement, nous nous croisions relativement peu sur le terrain, car nos marchés sont différents et cela fonctionne très bien comme cela. Notre volonté profonde est vraiment de laisser les deux marques exister, telles qu’elles existaient sur le marché hier. Les synergies sont plus sur l’industrie que sur le commerce.

Patrick Bouvet : Nous allons également travailler ensemble sur le développement du numérique, et mettre en commun nos expériences en la matière. Il y a sur ce point de vrais sujets d’avenir sur lesquels nous travaillons tous, et le fait de se rapprocher afin de croiser les expériences de chacun, ne peut être que bénéfique.

L’Echo de la Baie : Pour FPEE, ce rapprochement industriel représente aussi la fin d’une présence des financiers dans l’actionnariat…

Cécile Sanz : Effectivement, nous avions une participation minoritaire des financiers dans notre capital. Même si depuis 2015, cette collaboration était sereine, nous sommes ravis de retrouver un pouvoir de décision à partager entre industriels qui connaissent les enjeux et le fonctionnement du marché.

L’Echo de la Baie : Ce nouveau groupe ainsi constitué arrive sur le podium du Top 3 de la menuiserie française, que vous inspire cette position ?

Cécile Sanz : L’idée d’être dans le Top 3 est satisfaisante, en termes de pérennité de nos entreprises, ce n’est pas une histoire d’ambition mais bien de pérennité. Nous savons que, sur tous les marchés, il y a des logiques de concentration et que la taille d’une entreprise est synonyme de pérennité. Nous souhaitons conserver une place de choix sur nos marchés sur le long terme. Représenter une part de marché relativement importante, c’est aussi augmenter sa faculté d’absorber les variations et les aléas du marché tout en consolidant sa capacité d’investissements.

Patrick Bouvet : Grâce au rapprochement de nos deux structures, nous nous spécialisons encore un peu plus et chacun dans son domaine de prédilection. Les acteurs des différents marchés qu’ils soient promoteurs, négociants, menuisiers, architectes ou représentants des réseaux de distribution ont des attentes très différentes les uns des autres. Il est difficile d’être bons dans tous les domaines. Le fait que FPEE et Bouvet soient complémentaires sur ces marchés, nous permet de nous concentrer à être le meilleur dans un domaine spécifique. Nous irons plus vite à deux et surtout nous irons plus loin…

Les chiffres du nouveau groupe

  • CA : Plus de 300 M€
  • Volume : 500.000 menuiseries /an
  • Effectif : 1550 collaborateurs
  • Surface de production : 150 00 m2 couverts
  • Fabrication : 100% française.

Bouvet et FPEE : Bref historique

Bouvet est une entreprise française familiale. Quatre générations se succèdent depuis 1921. Bouvet SA est dirigée aujourd’hui par Patrick et Emmanuel Bouvet. Le groupe fabrique des  menuiseries, des portes d’entrée et des volets roulants en PVC et en Aluminium. Sa filiale Minco acquise en 1996, dirigée par Emmanuel Lecoz, fabrique des menuiseries mixtes Bois/Alu.
CA : 162 M€
Effectif : 800 salariés

FPEE a été créée par Marc Ettienne en 1982. L’entreprise propose à ses clients une large gamme de fenêtres, portes, portails et volets en PVC, Bois, Alu, ou mixte Bois/Alu avec Mixal. Le laquage fait partie des métiers du groupe avec la société Multilaque. Cécile Sanz, Présidente du Groupe depuis 2012 est entourée de Joël Mercier et d’une équipe d’encadrement impliquée et investie. Ensemble, ils poursuivent le développement du Groupe dans le respect des valeurs insufflées par son fondateur.
CA : 155 M€
Effectif : 750 salariés


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