Jean-François Authier « Mobiliser l’intelligence collaborative »

#Architectes Publié le 25 octobre 2017 par L'Echo de la Baie

Fondateur de l’agence SAA-Architectes en 2011*, Jean-François Authier défend une pratique collaborative entre architectes et ingénieurs, concepteurs, maîtres d’ouvrages et usagers, au service d’une « ville généreuse ».
Rencontre quelques jours avant son intervention sur Batimat dans le cadre du Forum Regard sur l’Architecture.

jean francois authier saa architectes

Jean-François Authier, y a-t-il une œœuvre, une personne, un bâtiment qui ont fait pour vous rencontre avec l’architecture et/ou l’urbanisme ?

JEAN-FRANÇOIS AUTHIER : Quand j’’étais enfant et adolescent, nous allions souvent à Royan et j’ai été fasciné par son marché couvert, construit dans les années 1950 par les architectes André Morisseau et Louis Simon avec les ingénieurs Bernard Lafaille et René Sarger. J’’aimais beaucoup cette idée d’’une cité neuve dans laquelle il s’’inscrivait et sa forme de grand coquillage aux formes très douces, une coque en béton blanc très fin (un voile de béton plissé de 9 à 10 cm d’épaisseur) ; ça me semblait une véritable prouesse. J’ai aussi été très impressionné aussi par la présence urbaine de l’’Institut du Monde Arabe, de Jean Nouvel, qui venait d’’être construit quand j’’ai commencé mes études.
Ce qui m’’a intéressé dans l’’un comme dans l’autre ? La convergence entre le bâtiment, l’’émotion qu’’il dégage, et son ingénierie, l’’invention qu’’il faut mobiliser pour les réaliser. J’’ai d’ailleurs fait l’’INSA de Strasbourg, seule école française à former des ingénieurs et des architectes dans un cursus commun – j’’y enseigne aujourd’’hui. Au début de ma carrière, j’’ai dessiné beaucoup de façades, j’’aimais la précision des détails techniques. À l’’agence, nous sommes des architectes qui prétendons travailler avec les ingénieurs partageant une vision commune et collaborative plus qu’itérative.

L’agence annonce en guise de programme : « Pour une ville généreuse ». Traduction, au quotidien ?

JEAN-FRANÇOIS AUTHIER : Ce qui anime au quotidien les trois associés qui dirigent l’agence, ce sont les grands chamboulements du système de la construction, la mutation de la commande publique, le fait que la commande privée a toujours une dimension publique par incidence. Par extension, ce qui nous intéresse, c’est l’évolution de la notion de programme en ce sens que, justement aujourd’hui, nous sommes face à leurs disparition au sens du « spécifique ». On fabrique aujourd’hui des bâtiments sur des canevas de possibilités, en mobilisant une intelligence de l’architecture qui peut évoluer dans le temps, selon l’adage que les usages vont plus vite que les bâtiments que l’on construit.
La ville généreuse traduit l’idée que nous nous faisons de notre responsabilité d’architecte : tout projet d’architecture est un projet urbain et ce projet doit pouvoir nous laisser réaliser le maximum des possibilités fonctionnelles du bâtiment, y compris celles que l’on ne peut pas anticiper !
Comment ? Par l’expérience. Par exemple, on sait d’expérience que plus de hauteur au RDC, c’est plus adapté, plus d’épaisseur au delà d’un certain seuil, c’est au contraire plus limité, etc. À défaut de tout anticiper, on sait proposer des préconisations pertinentes. Par exemple, nous considérons que l’un des enjeux majeurs de notre pratique aujourd’hui est de relever la hauteur libre des logements.

Comment abordez-vous la question du traitement de la lumière, des ouvertures, et les innovations qui s’y rapportent ?

JEAN-FRANÇOIS AUTHIER : C’est le sujet fondamental à côté de celui de la hauteur sous plafond : il faut absolument revenir à des proportions de vitrages généreuses, en particulier dans le résidentiel. Dans un canevas économique très contraignant, toute la chaîne de la construction doit se montrer astucieuse pour proposer plus de confort, de polyvalence, de lien avec les éléments naturels et ce qu’on appelle « le droit au ciel ».
C’est ce que nous essayons de faire sur les nombreux projets denses que nous menons, comme récemment à Palaiseau, Romainville ou Ivry. En termes de matériau, de performances et de design, une solution efficace et chaleureuse que l’on aime beaucoup dans le résidentiel est la menuiserie bois-alu. Côté innovations, on est surtout très impliqués sur la conception en regard des besoins des utilisateurs. Dans le tertiaire, l’une des problématiques principales est le rapport entre la protection solaire et la transmission lumineuse afin d’assurer un confort maximal pour les usagers. On a regardé en amont avec des fabricants des solutions innovantes en termes de qualité de verre mais ce qu’on privilégie souvent, notamment en termes de pérennité, c’est la protection solaire fixe, hors façades plein sud ou plein ouest biensûr.
Nous somme à même de modéliser très bien et ce de façon très fi able en simulation ces solutions lors de la conception.
Via le BIM, l’architecte se réapproprie des simulations efficaces qui participent d’un travail collaboratif très fructueux avec les ingénieurs. L’enjeu de ces nouveaux outils de modélisation, pour moi, c’est le mode collaboratif et la qualité et la richesse des échanges entre les métiers de la technique et ceux de la conception, et ce davantage que les sujets de technologie même intégrée à la baie. Ceci dit, si une baie connectée peut envoyer des infos à une base de données permettant d’améliorer l’efficience du bâtiment, évidemment on est preneur !
Nous menons d’ailleurs des réflexions sur ces sujets avec certains clients, en général sur du tertiaire ; mais cela reste assez marginal pour l’instant. Le débat se situe plutôt autour de la question clé de diminuer au maximum les apports solaires tout en garantissant la meilleure luminosité et l’ambiance des espaces.

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