Conjoncture du Bâtiment à la fin juin 2015

#Quoi de neuf ? Publié le 30 juin 2015 par L'Echo de la Baie

Extrait des propos de Jacques CHANUT, Président de la FFB, lors de la conférence de presse du 30 juin 2015 :

Évoquer devant vous la situation du bâtiment suppose de résoudre un paradoxe apparent. Premier versant du paradoxe : le début 2015 ressort comme une période particulièrement difficile pour le bâtiment.

Tout d’abord, l’activité poursuit son recul. Ainsi, du côté du logement neuf, en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2015 (janvier→mai 2015 / janvier→mai 2014), le nombre de logements autorisés recule de 8,2 % et celui des logements commencés de 6,1 %. En rythme annuel, les ouvertures de chantier ressortent ainsi à un peu plus de 333 000 unités contre près de 356 000 en 2014. Du côté du non-résidentiel neuf, la tendance globale ressort elle aussi en nette baisse. De fait, hors hôtellerie et locaux agricoles, les glissements annuels sur cinq mois à fin mai 2015 s’établissent respectivement à -13,2 % et -10,5 % pour les surfaces de plancher autorisées et commencées. Tous les segments concourent à cette chute, et singulièrement la commande publique. Quant au marché de l’amélioration-entretien, la tendance reste pour l’heure baissière, au dire des chefs d’entreprise.

 

 

 

Évolutions sur le long terme du logement neuf
(en date réelle estimée -DRE-, y compris construction sur existant, France entière)

 

En termes d’emploi dans le bâtiment, le premier trimestre 2015 affiche le plus mauvais score enregistré depuis l’entrée dans la Grande récession de 2008, avec 51 500 postes de travail en moins qu’au premier trimestre 2014, y compris intérim en équivalent-emplois à temps plein, soit -4,3 %.

Enfin, les défaillances d’entreprises ont fait un bond de 10 % sur la même période, concentré il est vrai sur de petites structures de 1 à 3 salariés.

Au global, c’est un tableau noir que dessinent donc les informations disponibles sur la situation immédiate, en termes de marché comme d’appareil de production.

Évolutions des heures travaillées par les ouvriers des entreprises de plus de dix salariés du bâtiment
(glissement annuel sur trois mois à fin février 2015)

 

Second versant du paradoxe : les perspectives pour la fin 2015 et le début 2016 s’avèrent bien mieux orientées sauf, bien sûr, si la crise grecque venait à profondément bouleverser le paysage français.

En matière de logement neuf, le dynamisme du crédit immobilier hors renégociations relevé depuis le quatrième trimestre 2014, et celui des ventes des Cmistes et des promoteurs, avec une progression de l’ordre de 14 % en glissement annuel sur le premier trimestre, conduiront très probablement à une hausse des permis et mises en chantier d’ici la fin de l’année.

Pour le non-résidentiel neuf, le dynamisme, là encore, du crédit à l’investissement, mais aussi le redressement des intentions d’investir des industriels devraient se traduire en activité pour le bâtiment courant 2016.

Reste la grande inconnue du marché de l’amélioration-entretien, où l’on peine toujours à déceler les prémices d’une quelconque accélération positive.

La résolution de cet apparent paradoxe renvoie au temps long de la production dans le secteur. Depuis le dépôt du permis et de l’obtention d’un crédit jusqu’à la mise en chantier et à la livraison des travaux, il faut compter plusieurs mois, voire années, selon les segments de marché.

Pour tenter d’accélérer le mouvement, qui devrait s’accompagner d’une reprise de l’emploi et donc d’une baisse des défaillances, la FFB réitère son souhait qu’un nouvel effort soit engagé en matière de différés pour le PTZ+. De fait, le PTZ+ finance majoritairement des opérations de primo-accession dans l’individuel, soit le segment susceptible de repartir le plus vite, comme l’avait déjà démontré la sortie de la crise des années 1990.

Par ailleurs, sur la transition énergétique, nous attendons toujours la réponse du gouvernement sur les conditions de mise en œuvre du RGE, d’une part au titre des simplifications promises, d’autre part de la nécessité d’un traitement équitable entre entreprises du Bâtiment, qu’il y ait on non intervention d’une GSB. Cela concerne en particulier les problèmes de sous-traitance.

Enfin, la FFB réitère aussi sa demande de mise en place rapide du financement de la rénovation énergétique des équipements publics par le Plan Juncker. L’annonce en a été faite voilà plus de six mois. Or, le redressement de l’investissement public local, notamment par ce truchement, est urgent.

Participer à la reprise signifiera pour les entreprises d’être en capacité de mobiliser de la trésorerie supplémentaire pour réaliser les études préalables, acquérir les matériaux et honorer les frais de personnel. Cela ne sera possible et tenable que si les entreprises obtiennent les financements nécessaires auprès des banques, ce qui supposera d’aller voir son banquier avec un plan de développement et un plan de trésorerie clair sur le moyen terme. Cela impliquera aussi une offre adaptée au financement du BFR (Besoin en fonds de roulement) du côté des banques.

Dans le même temps, un effort complémentaire doit d’ores et déjà être engagé afin de limiter le besoin de lignes de crédit supplémentaire. Il consiste à renforcer le suivi des règlements clients pour qu’ils interviennent au plus vite, dans un délai a minima identique à ceux de règlement de nos fournisseurs.

Je tiens à revenir sur un sujet essentiel pour le secteur, sujet qui conditionne le retour à l’emploi dans nos entreprises. Je veux bien évidemment parler de la fraude aux travailleurs détachés. Nous nous sommes félicités d’avoir été entendus au vu des différentes mesures prises par le Gouvernement contre ce fléau, déclaré par le Premier Ministre  » grande cause nationale  » (obligation de la carte d’identification professionnelle et responsabilité conjointe du maître de l’ouvrage et du donneur d’ordre). Mais nous réclamons encore et toujours le recours aux douanes, comme cela avait été annoncé le 12 février dernier, afin de contrôler les chantiers le soir et le week-end, au premier chef chez les particuliers. Le Sénat vient d’associer les douanes au signalement des fraudes au détachement. C’est un premier pas positif mais encore insuffisant. Il faut le renforcer en permettant aux douanes de verbaliser quand la fraude au détachement est constatée. Il y a urgence car nous savons que la destruction d’emplois se poursuivra tant que des entreprises et leurs clients pourront continuer, sous couvert de prix bas, à user du dumping social et fiscal en toute impunité. Nous ne pouvons pas accepter de laisser les entreprises et artisans devant la seule alternative insupportable !

 

Production en volume de crédit immobilier aux ménages, hors renégociations
(niveaux annuels glissants)


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